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elles obéissaient à ses disciples les plus autorisés, surtout à Pierre. Un jour qu’à la suite de leurs chefs spirituels, les Galiléens fidèles étaient montés sur une de ces montagnes où Jésus les avait souvent conduits, ils crurent encore le voir. L’air sur ces hauteurs est plein d’étranges miroitements. La même illusion qui autrefois avait eu lieu pour les disciples les plus intimes[1] se produisit encore. La foule assemblée s’imagina voir le spectre divin se dessiner dans l’éther ; tous tombèrent sur la face et adorèrent[2]. Le sentiment qu’inspire le clair horizon de ces montagnes est l’idée de l’ampleur du monde avec l’envie de le conquérir. Sur un des pics environnants, Satan, montrant de la main à Jésus les royaumes de la terre et toute leur gloire, les lui avait, disait-on, proposés, s’il voulait s’incliner devant lui. Cette fois, ce fut Jésus qui, du haut des sommets sacrés, montra à ses disciples la terre entière et leur assura l’avenir. Ils descendirent de la montagne persuadés que le fils de Dieu leur avait donné l’ordre de convertir le genre humain et avait promis d’être avec eux jusqu’à la fin des siècles. Une ardeur étrange, un feu divin, les remplissait au sortir de ces entretiens. Ils se regardaient

  1. Transfiguration.
  2. Matth., xxviii, 16-20 ; I Cor., xv, 6. Comparez Marc, xvi, 15 et suiv. ; Luc, xxiv, 44 et suiv.