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illustres du barreau de Paris, des artistes de la Comédie-Française — l’un d’eux s’était chargé de prononcer quelques mots sur la tombe de celle que le théâtre avait tuée — des littérateurs célèbres, des sculpteurs, des peintres et des anciens camarades de scène de Mme Daltès. L’un des compositeurs les plus charmants de l’époque attendait à Saint-Louis des Invalides avec les chanteurs qui, spontanément, avaient offert de se faire entendre pendant le service religieux.

Enveloppée dans un grand peignoir de mousseline, la tête reposant sur un moelleux coussin, les cheveux ramenés sur sa poitrine, des roses effeuillées autour d’elle, Éva semblait dormir dans sa dernière couche tapissée de satin ; l’abbé Durier venait de la bénir et Gilbert de l’embrasser dans un suprême adieu, et les employés des Pompes funèbres s’étaient déjà emparés du couvercle pour le visser sur le cercueil, quand, tout à coup, un mouvement agita la foule groupée dans le parterre et, presque en même temps, deux hommes vêtus de noir pénétrèrent dans la chambre :

— Monsieur Ronçay ? demanda l’un des nouveaux venus.

— C’est moi, monsieur, répondit Gilbert en relevant la tête.

— Je regrette, monsieur, d’avoir à remplir ici une mission pénible. Je suis Me Dufray, huissier, et je viens, au nom de M. Louis de Tiessant, réclamer le corps de Mme Éva Noblet, sa fille.