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fermant la porte derrière elle, et quelques secondes après, elle rentra avec sœur Marie de la Miséricorde, à qui elle avait recommandé de nouveau de ne trahir aucune émotion.

— Blanche, ma chère Blanche ! s’écria la maîtresse de Ronçay, en tendant les bras à la compagne de son enfance. Oh ! quelle joie de te voir !

— Éva, ma petite Éva ! répondit la fille aînée de M. de Tiessant, en rendant à sa sœur ses baisers. Quel bonheur pour moi de te retrouver ! Que Dieu en soit béni !

— Assieds-toi là, bien près. C’est vrai qu’il y a cinq ans que nous ne nous sommes vues ! Tu es toujours la même, toi : jeune, belle, sérieuse, grave, tandis que moi ! Comme je suis changée !

— Tu n’as jamais été plus jolie !

— Tu sais que je suis malade, très malade. Tu le sais, puisque tu es venue. Sans cela, tu n’aurais pas quitté ton couvent. Qui t’a donc renseignée ?

Craignant que la religieuse n’osât mentir, Mme  Bertin répondit bien vite pour elle :

— Tu te trompes : ta sœur ignorait même ta présence à Paris. Elle y a été envoyée pour les affaires de sa communauté ; tout naturellement elle a passé rue d’Assas, et c’est là qu’elle a appris que nous étions toutes les deux à Nogent.

— Ah ! oui, je comprends. Alors, parlons de toi, de nous !

— Surtout ne te fatigue pas, recommanda la brave