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Bernel avait raison de dire que le théâtre me tuerait ! Pourquoi n’ai-je pas suivi ses conseils, pourquoi n’ai-je pas cédé à tes prières ? Ah ! Dieu me punit cruellement ! Je l’ai si fort outragé !

« Depuis dix jours surtout, je souffre le martyre. La morphine seule me donne un peu de repos, et je suis obligée d’en faire un usage fréquent, car lorsque les accès me prennent, il me semble que c’est fini, que je ne te verrai plus, que je n’embrasserai plus ma fille, que je suis perdue tout à fait !

« Viens donc me chercher, viens bien vite ! Si le ciel m’a condamnée, je voudrais mourir chez moi, comme Froufrou, mes bras à ton cou, ma tête sur ton épaule, comme si je m’endormais. Oui, viens, mon Gilbert ! N’aie pas peur : ta pauvre amie n’est pas déjà devenue laide. Tu peux l’embrasser encore, et elle t’aime toujours !

« Éva. »


« Lorsque tu verras ici M. Tavini, ne lui dis pas que je t’ai envoyé sa lettre à Bernel ; je serais trop honteuse s’il savait que je l’ai ouverte. Il croira qu’il l’a perdue partout ailleurs que chez moi, et il en écrira une autre.

« Toi, tu auras quitté Paris tout simplement parce que, me voyant si souffrante, je t’ai prié de venir me chercher. Rien que de t’avoir écrit, il me semble déjà que je vais mieux. Mais, c’est égal, viens vite, bien vite ! »


Nous ne tenterons pas de peindre l’effet que pro-