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Toute tremblante, la jeune fille prit la lettre et obéit :

Le docteur Tavini écrivait au docteur Bernel :


« Monsieur et honoré Confrère,

« Je donne depuis près d’un mois des soins à Mme  Daltès, de qui vous êtes le médecin à Paris ; et je sais combien vous êtes intimement lié avec son ami, M. Gilbert Ronçay. Je crois donc accomplir un double devoir en vous informant que l’état de santé de cette jeune femme est grave et m’inquiète vivement. J’ai constaté chez elle une affection que vous aviez sans doute pressentie depuis longtemps, à en juger par les conseils que vous lui avez donnés : une angine de poitrine, compliquée d’une lésion du cœur, d’insuffisance aortique, qui pourrait amener des accidents terribles à bref délai.

« Depuis une douzaine de jours, les accès de l’angine ont pris une forme de périodicité qui indique la rapidité de la marche de la maladie, et ils sont à ce point douloureux, avec expansion dans le bras gauche, que seule, la morphine en injections hypodermiques soulage Mme  Daltès, mais au détriment son estomac, dont elle paralyse déjà un peu les fonctions.

« J’estime donc que votre si intéressante amie, à qui je suis parvenu à dissimuler sa situation, devrait quitter Rome le plus tôt possible, car je ne sais comment m’opposer à son désir de remonter de temps en temps sur la scène.