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Ronçay venait de sortir de l’eau à son tour et il les rejoignait en courant.

Ce fut seulement deux ou trois jours plus tard que le docteur put prendre Mlle  de Tiessant à l’écart pour lui parler de cette douleur qui l’avait saisie si brusquement après le bain.

Elle lui raconta alors que déjà, à la suite d’émotions violentes, tristes ou gaies, elle avait senti sa poitrine se serrer, en même temps que son cœur semblait cesser de battre. Ce n’était que l’affaire de quelques secondes, mais pendant lesquelles une souffrance horrible, accompagnée d’angoisse, l’étreignait.

Et comme le docteur la regardait avec fixité, cherchant sans doute dans quelque expression de ses traits la confirmation de la pensée qu’il suivait, elle ajouta gaiement :

— Vous ne me croyez pas malade, j’espère bien ; vous n’allez pas m’ordonner un traitement ? D’abord je ne le suivrais pas ! Je n’ai jamais été mieux portante, ni plus heureuse !

— Eh ! sans doute, reprit vivement Raymond ; ce n’est rien et ce ne sera rien. Ce sont là des phénomènes nerveux, pas autre chose ; mais je ne vous en conseille pas moins de vous ménager un peu. Vous pouvez bien vous dispenser de vous en aller à la nage à deux ou trois milles au large et de lancer votre cheval dans un galop furieux sur la plage. Du reste, tous ces exercices violents ne valent pas mieux à Gilbert qu’à vous. Ils vous entretiennent tous les deux dans une surexcitation à laquelle vous dispose