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se faire un nom qui la rende digne de toi, qui te rende fier d’elle.

— Ah ! la chère adorée ! Ne suffit-elle pas à mon cœur telle qu’elle est, telle que je la veux garder ? Car j’espère bien qu’elle cédera à mes conseils, qu’elle se rendra à mes prières. Elle comédienne ! mais ne lui as-tu donc pas dit ?

— Je lui ai dit ce que tu n’aurais pu lui dire toi-même, et je crains fort, mon pauvre garçon que tu n’arrives pas à la convaincre. Ah ! certes, elle ne fera rien contre ta volonté, elle se soumettra à ton désir, mais j’en suis certain, elle en souffrira cruellement.

— Enfin, je tenterai du moins de la faire revenir à d’autres idées, et tiens ! je ne veux pas pour cela perdre un seul jour, un seul instant. Mon Éva cabotine ! Reviens ce soir ; j’espère que j’aurai une bonne nouvelle à te donner.

— Je le désire de tout mon cœur, cependant je n’y compte guère.

Cinq minutes après, Gilbert était seul avec Mlle de Tiessant et lui disait :

— Raymond m’a tout raconté, mais je ne veux pas croire encore que tu aies pris irrévocablement un semblable parti. Est-ce que les sottes insinuations de ton père peuvent te blesser ? Est-ce qu’il est possible que tu éprouves l’ombre d’une humiliation de la vie commune qui me rend si complètement heureux ? Est-ce que tu n’es pas en réalité ma femme bien-aimée, celle qui a le droit de tout partager avec