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— Le chercher ? Mon fils !… Qui ?

— Ton mari !

— Ah ! le misérable, le misérable ! Il m’a pris mon enfant !…

Ses yeux lançaient des éclairs ; elle allait, affolée, à travers sa cellule, se meurtrissant aux meubles, arrachant ses beaux cheveux, repoussant sa tante, jetant des cris de désespoir.

Deux sœurs accoururent et parvinrent à la maintenir, pendant qu’elle répétait :

— Mon Robert ! Le monstre, il me l’a volé !

La pauvre mère ne se souvenait pas que M. Noblet n’avait usé que du droit inhumain que lui donnait le jugement rendu contre elle. En embrassant son fils tous les deux jours depuis son incarcération, elle l’avait repris tout entier. Il était à elle, à elle seule ; elle le voulait !

La scène était horrible. D’une incroyable vigueur musculaire, sous ses formes délicates, Éva se débattait entre les deux religieuses, mêlant dans ses malédictions son père et son mari, poursuivant ses appels maternels, échappant à celles qui craignaient qu’elle ne se blessât.

Enfin, elles la saisirent et parvinrent à la porter sur son lit, où bientôt, cessant de résister, elle s’étendit elle-même, brisée de fatigue, et d’abondantes larmes sillonnèrent ses joues.

Une demi-heure se passa ainsi, pendant laquelle Mme Bertin et sa nièce, les mains étroitement enlacées, ne prononcèrent pas une parole ; puis sœur