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conduire sa nièce, il avait guetté son retour, et la soirée s’était passée entre eux à s’entretenir de la prisonnière.

Le lendemain même, Gilbert avait revu sa vieille amie au moment où elle rentrait rue d’Assas pour y prendre Robert, et c’est alors que, le souvenir de la passion d’Éva pour les roses lui étant revenu, il avait chargé sa tante de lui porter ces fleurs que l’infortunée avait arrosées de ses larmes.

Tout naturellement, Mme  Bertin prolongea sa première visite jusqu’à la dernière seconde de l’heure réglementaire ; le jour suivant, elle adressa à la chère victime un télégramme pour lui donner d’excellentes nouvelles de son fils, et, vingt-quatre heures après, elle revint avec l’enfant, et, de nouveau, des roses, que la jeune femme reçut cette fois en souriant.

Mlle  de Tiessant s’accoutumait à sa cellule ; elle n’en sortait même pas pour prendre l’air dans la cour, aux heures où elle était déserte, ainsi que le lui avait permis le directeur. Lorsqu’elle était seule, elle songeait ou lisait, et, pour elle, les jours suivaient les jours, lui apportant successivement un peu d’espoir en l’avenir.

De sa fenêtre, où elle évitait de s’accouder pendant la promenade des prévenues, car ce spectacle lui serrait le cœur, elle voyait la façade des Lazaristes, qui est, avec la grande porte d’entrée de la rue, tout ce qui reste du couvent où est mort Saint Vincent de Paul et de la prison où a été enfermé Beaumarchais, après la première représentation du