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raient peuplées de fantômes et l’auraient tuée. Ce fut, au contraire, en raison même de cette nuit profonde qui l’enveloppait que bientôt elle reprit courage, dans son orgueil de ne point être une fillette craintive que la solitude épouvante, et qu’elle eût l’énergie, au lieu de se laisser abattre, de se rappeler les moindres épisodes de cette terrible journée, la première de sa détention et que devaient suivre tant d’autres plus douloureuses encore.

La prisonnière ne parvint donc à reposer que quelques heures, par intermittences. Cependant le lendemain, quand la supérieure entra dans sa cellule pour lui présenter la religieuse Sainte-Geneviève, spécialement préposée à sa garde et à son service, elle était déjà levée, vêtue d’un peignoir et, en apparence du moins, dans un tout autre état d’esprit que la veille.

Sœur Sainte-Marthe l’en complimenta maternellement, et après avoir pris connaissance des règlements auxquels elle devait se soumettre, règlements dont les plus pénibles lui étaient épargnés, Mme Noblet ne songea plus qu’à organiser sa vie et à faire bon visage à sa tante, pour que la pauvre veuve pût reprendre un peu courage à son tour. Elle n’espérait pas toutefois la voir le jour même.

C’était compter sans l’activité de l’excellente femme, qui, en compagnie de Me Mansart, s’était rendue, dans la matinée même, à la Préfecture de police, avait obtenu du chef du bureau des prisons l’autorisation de visiter sa nièce avec son enfant tous les deux jours, et n’avait pas perdu une seconde pour retourner rue