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— À Saint-Lazare !

— À la gare ? demanda l’automédon en riant.

— Non, à la prison !

— Ah ! bah ? À la course, alors ?

— Non, à l’heure !

— Ça vaut mieux ! Hue, l’engourdi !

Le bonhomme ne pouvait supposer que sa jeune et jolie cliente, accompagnée d’une dame aussi respectable, allait au-devant d’une arrestation.

Alors, le plus gaiement du monde, il enveloppa son cheval d’un semblant de coup de fouet et lui fit prendre, de la seule allure paisible que lui permettait son surnom, la direction du centre de Paris.

Aussi fût-ce seulement une grande demi-heure plus tard que le fiacre s’arrêta devant le n° 107 du faubourg Saint-Denis, c’est-à-dire devant la prison Saint-Lazare, amas d’énormes constructions, horribles et lugubres, qui s’étendent, comme une lèpre hideuse, au milieu de l’un des quartiers les plus commerçants de la grande ville, et ne sont pas même suffisamment isolées des immeubles voisins.

En effet, il n’existe pas de mur d’enceinte autour de Saint-Lazare, mais seulement un chemin de ronde, sur lequel ouvrent également les fenêtres des maisons qui le bordent et celles de la prison ; en sorte que, du dehors, on communique aisément par gestes et de la voix avec les détenues.

Celles-ci, de certaines cellules, voient même ce qui se passe sur le boulevard Magenta.