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tendait par conséquent, si horrible que fût le couloir qu’elle avait suivi, à entrer dans le cabinet confortable d’un juge.

Aussi fut-elle saisie d’une atroce angoisse quand, après un premier mouvement de surprise, elle vit où elle se trouvait. Le commissaire de police la sentit trembler à son bras.

— Du courage, madame, lui dit-il ; il ne s’agit ici que d’une formalité indispensable à remplir.

Et il l’amena doucement près de la barrière, en priant, du geste, le greffier d’adoucir un peu son ton ordinaire, en même temps qu’il lui donnait le procès-verbal dressé chez Mme Bertin.

Le vieil employé en prit connaissance, et s’adressant à la prisonnière, presque poliment :

— Vos nom et prénoms, madame ? Votre âge et votre lieu de naissance ?

La jeune femme répondit d’une voix étranglée à ces questions, et le greffier remplit, avec ses réponses, les vides d’une feuille imprimée, pendant que son secrétaire les transcrivait sur un registre, tout en regardant de côté, avec un mauvais sourire, la pauvre enfant.

Cela fait, le fonctionnaire quitta son fauteuil de cuir pour échanger quelques paroles à voix basse avec M. Garnier, à qui il remit un ordre ainsi rédigé :


Préfecture de police ; Police municipale.

« M. le directeur du Dépôt recevra la nommée Éva de Tiessant, femme Noblet, âgée de 19 ans, née à