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sans prononcer une parole ; mais sa physionomie tout entière reflétait une telle épouvante qu’Éva lui dit, en la grondant un peu :

— On croirait vraiment que je pars pour toujours ! Je vous en prie, monsieur, rassurez un peu ma tante.

— En effet, madame, fit M. Garnier à la veuve, vous avez tort de vous inquiéter de la sorte ; il est probable qu’après un simple interrogatoire Mme Noblet rentrera chez vous.

Et comme, en disant ces mots, il s’était dirigé vers la porte du salon, en invitant du geste sa prisonnière à le suivre, celle-ci embrassa sa vieille parente, en lui répétant : à bientôt, à tout à l’heure, et elle gagna le palier.

Mais arrivée là, elle fit un pas en arrière et fut obligée de s’appuyer contre la muraille.

Depuis que l’adorée était sortie de chez lui, Ronçay était resté blotti derrière la porte de son appartement.

Il avait vu descendre M. de Tiessant avec son gendre, et en entendant ce dernier dire à son beau-père : « Elle cédera ou je la ferai condamner pour adultère, » il s’était demandé avec angoisse pourquoi le commissaire ne partait pas comme les autres, pourquoi son agent restait en faction, et ce qui se passait chez sa voisine.

À l’apparition de Mme Noblet en compagnie de M. Garnier et de son secrétaire, il comprit que ces hommes l’emmenaient. Alors, perdant la tête, désespéré, fou, ne songeant plus à se cacher, il ouvrit