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— Tais-toi, répondit la jeune femme. Fais ouvrir !

— Mais ils vont t’emmener !

— Va, va, je t’en conjure ! Ils entreraient de force… Tiens, entends-tu ?

On venait de répéter : « Au nom de la loi ! » en assénant un coup violent contre la porte.

Effrayée de ce bruit et de ce scandale, la veuve de l’universitaire regagna l’antichambre et fit signe à sa vieille servante d’obéir.

Celle-ci, d’un mouvement de colère, tira les verrous, détacha la chaîne de sûreté, fit tourner la clef dans la serrure, et la porte s’ouvrit, pour livrer passage à cinq personnes : M. Garnier, commissaire de police, ceint de son écharpe ; son secrétaire, un agent, M. de Tiessant et son gendre, ce dernier visiblement honteux de son rôle.

— Mme Noblet ? demanda le représentant de l’autorité à Mme Bertin, en la saluant avec politesse.

— Mme Noblet, ma nièce ?… Que lui voulez-vous ?… Je ne sais, elle est souffrante, elle dort, bégaya la brave femme, ne sachant trop ce qu’elle disait. Oh ! Monsieur de Tiessant, ce que vous faites là est infâme !

— Mme Noblet refuse d’obéir à la loi, reprit M. Garnier. Veuillez me conduire auprès d’elle.

Catherine avait refermé la porte de l’antichambre, où était resté l’agent de la Sûreté, pendant que, guidés par M. de Tiessant lui-même, les odieux visiteurs pénétraient dans la salle à manger.

Au même moment, Éva qui, de ses petites mains