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après avoir pris connaissance du télégramme de son vieil ami. Tu n’as plus pour longtemps à souffrir ! Mais qu’as-tu donc ? Tu trembles ; tu te soutiens à peine !

Appuyée contre un meuble, la main sur son cœur comme pour en comprimer les battements, la tête baissée et les paupières à demi-closes, la jeune femme semblait en effet prête à défaillir.

Mme  Bertin la prit par la taille, la conduisit dans sa chambre, où, après l’avoir étendue doucement dans un fauteuil, elle lui dit :

— Voyons, calme-toi ! Pourquoi pleures-tu ? C’est cependant une bonne nouvelle que nous envoie M. Mansart.

— Si j’allais perdre mon procès ! Si on allait me forcer à retourner à Londres !

— En voilà une idée ! Tu es folle !

Alors Mme  Noblet, qui paraissait absorbée dans une pensée troublante, demanda brusquement :

— Et s’intéresse-t-il toujours à moi, lui ?

— Qui ça, lui ? Ah ! monsieur Ronçay ! Éva, ma petite Éva, est-ce que toi aussi ?…

— Comment ! moi aussi ?

La bonne veuve comprit qu’elle venait de se trahir et se mordit les lèvres. Aussitôt sa nièce lui saisit les mains et, ses yeux dans ses yeux, poursuivit avec tendresse :

— Que veux-tu, ma chère tante ? M. Gilbert est le premier ami que j’aie rencontré sur mon chemin