Page:René de Pont-Jest - Le Procès des Thugs.djvu/9

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Grâce ! Soulami, grâce !… mon enfant !

la fois, et derrière eux, dans des tribunes réservées, à droite et à gauche, les magistrats du pays et les femmes des grands dignitaires, avec ce teint pâle et cet air charmant de grâce et de morbidezza, qui n’appartient vraiment qu’aux créoles anglaises.

Un vaste espace vide, réservé à l’accusé et à ses gardes, séparait le public du tribunal. Ce public ne présentait pas à l’observateur la moins curieuse des études.

Au milieu des négociants anglais, froids, flegmatiques sous ce ciel brûlant de la côte de Coromandel aussi bien que sur les bords de la Tamise, s’agitaient des soldats indigènes, des Hindous appartenant à toutes les castes, à toutes les religions.

Ce n’était pas seulement le procès d’infâmes assassins qui allait se dérouler devant cette multitude hétérogène : il s’agissait de la ruine de toute une croyance, d’une race entière qui, pour la première fois, allait comparaître devant un tribunal européen.