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deux misérables, Welly et Cromfort. Votre père a laissé peser sur ce malheureux une accusation de vol et il a été condamné à mort.

— Oh ! cela est affreux, et je vous jure, si vous voulez me laisser courir à Londres…

— Vous arriveriez trop tard. Grâce à votre sœur, James n’a pas monté sur l’échafaud, mais il n’est plus et miss Emma l’a suivi dans la tombe.

— Que me dites-vous là, monsieur ?

— La vérité toute entière. Votre père et Mary n’ont plus que vous.

Edgar Berney était atterré. Il ne pouvait plus trouver une parole ; les larmes et le désespoir l’étouffaient.

— Tenez, monsieur, poursuivit Villaréal, une partie du mal que vous avez causé peut encore se réparer.

— Oh ! comment, monsieur, comment ?

— Je suis certain que vous n’auriez pas été aussi dur pour la pauvre Mary sans les mauvais conseils de vos amis Maury. Voulez-vous retourner près de votre père et épouser la sœur de James ? Ne craignez ni les reproches, ni les plaisanteries des fils de sir Arthur ; nous ne les reverrez plus.

— Que voulez-vous dire ?

— Ne m’interrogez pas à ce sujet et répondez-moi. Voulez-vous devenir le mari de celle que vous avez indignement trahie ? Si vous m’en donnez votre parole d’honneur, une embarcation vous conduira à Ramsgate, et dans quelques heures vous serez auprès de votre père. Vous avez dix minutes pour réfléchir et prendre un parti.

En disant ces mots, le comte fit un mouvement pour s’éloigner, mais Edgar le rappela.

Le fils de M. Berney n’était ni assez énergique, ni assez mauvais pour hésiter longtemps.

— J’accepte, monsieur, dit-il avec franchise, tout en regrettant de ne paraître faire que par force ce qui m’est commandé par le devoir. J’épouserai Mary, je vous en donne ma parole d’honneur, et la mère de James remplacera la mienne.

— Sous aucun prétexte, vous ne direz où vous avez passé ces quinze jours d’absence.

— Je vous le jure.

— C’est bien, monsieur, j’ai foi en votre parole. Le yacht s’est rapproché de terre, la yole est déjà à la mer, vous pouvez vous embarquer. Tom vous accompagnera. Adieu !

— Adieu, monsieur le comte, répondit le jeune homme en descendant dans le canot. Qui que vous soyez, bonne chance et que Dieu vous garde !

Après avoir reçu les instructions de Villaréal, Tom s’affala également dans l’embarcation, qui s’éloigna aussitôt pour gagner le rivage.