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de la surveillance de ceux dont il complotait la perte, et que, depuis le matin, le brave Tom n’avait pas un seul instant perdu de vue l’honnête tavernier de Star lane.

Villaréal, en effet, après avoir reconnu le capitaine et Stilson à la lueur de l’incendie de la manufacture de M. Berney, les avait fait suivre par deux de ces misérables que Yago avait à sa solde, et il savait tout ce qu’ils avaient fait l’un et l’autre depuis cette terrible nuit.

Il connaissait la liaison du jeune officier avec le père d’Edgar et ses rapports avec Bob ; il se doutait bien dans quel but il s’était fait constable volontaire et avait enrégimenté le gros geôlier de Golconde dans les policemen : il n’ignorait pas sa première visite au chef de la police métropolitaine ; et moins d’une heure après la sortie de George de Scotland yard, le comte avait été averti de cette seconde entrevue.

Il y en avait là plus qu’il n’en fallait à un homme de la finesse et de l’énergie de Villaréal pour prendre toutes ses mesures et se mettre sur ses gardes.

Quant à Tom, après avoir inutilement couru après Bob pendant trois ou quatre jours, il l’avait enfin surpris la veille au soir rentrant dans son honorable bouge.

Il y avait alors pris une chambre à la nuit, et le lendemain matin, il était sorti sur ses pas pour le filer aussi adroitement que l’eût fait un détective.

La haine avait tout à coup donné à l’ami de James l’esprit que la nature lui avait refusé.

Il ne quitta le tavernier que sur le pas de la porte d’un petit cabaret qui était situé à l’angle de Russell street et du square, c’est-à-dire à deux cents mètres à peu près de l’hôtel de Villaréal.

C’est là que sir George Wesley avait établi son quartier général.

Après une demi-heure d’attente, Tom y vit entrer le jeune officier avec Stilson, et il se hâta d’aller prévenir le comte de ce qu’il avait découvert.

Celui-ci venait d’apprendre à l’instant la mort de miss Emma, et bien qu’il ne sût rien des lettres compromettantes qui avaient été trouvées sur la jeune fille, il ne se dissimulait pas que c’était là un fait de nature à inquiéter la police et que le danger devenait menaçant.

Au récit de Tom, il en fut convaincu davantage encore, et il donna des ordres pour que les abords de l’hôtel fussent surveillés avec le plus grand soin. La grille devait rester fermée devant tout visage inconnu ou suspect.

Lui-même il s’abstint de sortir et renvoya Sanders par une petite porte des communs, qui donnait sur une ruelle déserte et que le colosse devait se faire ouvrir, à quelque heure que ce fût, en y frappant selon un signal convenu.