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niment mieux. J’entendais dans l’intérieur de la maison la voix de sir John parcourant tous les tons imaginables.

J’entrai, et la première personne ou plutôt la seule personne que je vis en mettant le pied dans la grande salle, car la colère du commandant du Fire-Fly avait fait fuir maîtres et gens, ce fut mon ami, jurant, tempêtant, bondissant, autant du moins qu’il lui était possible ; mais tout cela d’une façon si grotesque, avec des mines si comiques, que je ne pus m’empêcher de lui éclater de rire au nez en me laissant tomber dans un grand fauteuil de joncs, placé fort à point pour recevoir mes membres brisés de fatigue.

— Ah ! vous riez, me dit-il, en me tendant une lettre qu’il tenait à la main, lisez cela, nous allons voir si vous rirez encore.

Je craignis un instant qu’un malheur ne fût arrivé, et, tout en prenant le billet, j’interrogeai sir Canon du regard ; mais je ne trouvai rien autre chose dans sa physionomie que l’expression d’une contrariété. Si la chose avait été grave, il eût été plus calme.

La lettre était de Walter, le commandant du Raimbow.

« Chers amis, nous écrivait-il, il y a quatre jours que le Raimbow est prêt à partir et vous n’arrivez pas. Aujourd’hui, 3 avril, je mets à la voile. Courez après moi le long de la côte : vous me rattraperez à