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geait de notre côté. Inquiet, effaré, le pauvre animal cherchait sa mère, et l’appelait avec des cris plaintifs.

L’occasion m’était offerte de reconquérir une partie de l’estime de mon ami. Je mettais en joue lorsque je l’entendis me crier :

— Ne tirez pas, ne tirez pas ! Il nous le faut vivant. Rangez-vous, laissez-le passer !

Sans me rendre bien compte de l’intention de mon compagnon, mais, me souvenant fort à propos des conseils de l’Indien, je fis un bond de côté pour ne pas me trouver sur la route de l’éléphant qui, si jeune qu’il était, m’eût parfaitement écrasé, et j’attendis.

Je ne me doutais guère de ce qui allait arriver.

Au moment où l’animal passait près de lui, sir John s’élança, et, le saisissant par la queue, tenta de l’arrêter dans sa fuite ; mais si rude que fût le poignet qui l’avait saisi, le jeune éléphant n’en continua pas moins sa course en traînant dans la boue, malgré tous ses efforts, le commandant du Fire-Fly, qui faisait des bonds comme une yole remorquée par une frégate, et qui poussait des hao et des goddem impossibles à rendre.

C’était d’un grotesque à faire éclater de rire !

L’éléphant faisait des sauts de côté pour tacher de se débarrasser de ce singulier supplément à son appendice. Il avait beau jeter des cris d’effroi, sir John tenait bon en nous appelant à son secours.