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était, au contraire, parfois, plein d’humour et de gaîté, mais il avait ses heures ; il faisait chaque chose à son temps. C’était surtout au milieu du danger qu’il devenait charmant de comique sérieux. Nous sommes destinés, vous et moi, à vivre longtemps avec lui, nous aurons donc tout le loisir d’examiner son caractère sous toutes ses faces. Vous verrez que ces Anglais sont parfaits, lorsqu’ils se mettent à valoir quelque chose. Pourquoi ne s’y mettent-ils pas plus souvent ?

Enchantés d’être enfin sortis des jungles et des marais, nous suivions notre vieux guide hindou dont la voix était douce et grave, et dont la rencontre était vraiment pour nous un bienfait du hasard, de Brahma, devrais-je dire. Ses pieds nus ne semblaient plus avoir le sentiment de la souffrance. Malgré son grand âge, il marchait droit et ferme. Tout son visage, sillonné de rides profondes, respirait vraiment ce calme et cette indifférence révérés par les Bouddhistes, comme un des signes précurseurs de la Nirvâna. Il allait lentement, marmottant, sans aucun doute, quelques versets du Mahabharata. Nous avions pris, Canon et moi, le milieu de la route ; après nous être débarrassés de nos armes en faveur de nos gens, qui paraissaient ravis, ainsi que nous, de se trouver un peu sur la terre ferme.

Depuis quelques instants, j’apercevais de loin en loin dans la plaine que nous traversions des cavités circulaires à moitié cachées par de hautes herbes