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embarcations de guerre les ont laissés fuir ! Mais les bandits des Ladrones les attendaient au bas du fleuve. Aujourd’hui Kâli me les livre, ils vont mourir ! Dans une heure, les flots couvriront tout autour de nous, ils mourront, les lâches ! en pleurant comme des femmes !

— Oh ! misérable ! tu mens, s’écria sir John en se redressant de toute sa haute taille et en reprenant, en présence d’une mort inévitable, toute son énergie et son inébranlable courage. Tu n’es qu’un assassin ! C’est toi qui as tué Goolab-Soohbee et tu viens encore ici tuer une femme. Tu ne sais employer que le poison et la ruse comme tous tes frères.

— Tant mieux ! si tu aimes cette femme, tu sauras alors tout ce que j’ai souffert.

— Infâme ! murmurait le contrebandier, infâme ! Et ne pouvoir rien que mourir ! Mais mourir bravement au moins, n’est-ce pas, ami ? ajouta-t-il en se tournant vers moi et en me tendant la main. Nous prouverons à l’Indien que la mort ne saurait nous effrayer. Que Dieu me pardonne de vous avoir ainsi entraîné ! Pauvre femme ! ajouta-t-il en se rapprochant de madame Lauters, qui souriait aux jeux de la flamme sur l’écume des lames.

Je ne répondis à sir John que par un serrement de main. Cependant je ne voulais pas croire encore que tout espoir fût perdu, je m’efforçais de chasser de mon esprit les tristes pensées qui s’en emparaient, afin de pouvoir, moi aussi, faire bravement le sacrifice de ma vie si cela était nécessaire, et protéger