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bain, ou même d’un coup de couteau et d’un bain dans les flots du fleuve des Perles. Mais, gâté par le succès de notre excursion dans la ville tartare et au camp, je fis signe qu’il fallait bien, pour voir, risquer quelque chose. Cependant, je crus prudent de m’assurer qu’à ma ceinture était toujours mon revolver et, dans ma poche, certain petit poignard qui ne me quittait pas dès que je restais à terre.

Bientôt nous fûmes à la tête de cette curieuse et brillante rue que formaient les bateaux sur la rive gauche du fleuve, un peu en avant de la petite île de Dutch-Folly.

Ils étaient alignés bord à bord, les uns contre les autres. Leurs avants, longs de deux mètres à peu près, s’avançaient, sur les flots sombres, comme de larges trottoirs qui permettaient de se promener sur une assez grande longueur. Leurs façades dorées et les mille lanternes de couleur qui se balançaient à leurs terrasses chargées de fleurs, en faisaient vraiment des habitations féeriques et d’une inimaginable originalité. C’était à se croire dans quelque ville fantastique des Mille et une nuits. De tous ces lieux de plaisir, s’échappaient des éclats joyeux que répétaient les échos du fleuve, et de brusques et vives lueurs qui dansaient comme des feux follets sur les lames, en allant, dans les masses sombres des bâtiments à l’ancre, découper des ombres bizarres et gigantesques. Des bouffées de parfums s’envolaient avec la fumée de l’opium de ces petites fenêtres entr’ouvertes, où, comme dans des cadres sculptés