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laissait voir jusqu’au-dessus des coudes, étaient vraiment des chefs-d’œuvre de moulure. Je n’ai jamais vu d’aussi fines attaches que celles qui retenaient ses mains. Du reste, la plupart des femmes chinoises que j’ai rencontrées étaient ainsi construites : mignonnes, et si bien faites dans leur petite taille que c’était à leur appliquer le vers de Musset.

On eût pu dire de la femme de Fo-hop, que sa mère avait engendré son enfant avec amour,

Et l’avait fait petit pour le faire avec soin.

Seulement, elle avait contracté l’habitude de mâcher du bétel, et sa petite bouche, aux lèvres d’un rouge vif comme un bouton de grenade, était singulièrement déparée par des dents d’un noir d’ébène.

Pendant que nous prenions notre part d’une collation que nous avait fait servir notre hôte, collation qui me prouva que si les Chinois sont les plus mauvais pâtissiers du monde, ils en sont au moins les meilleurs confiseurs, je ne perdis pas l’occasion de lui demander des renseignements sur cet usage barbare qui leur fait ainsi estropier les femmes.

J’avais eu déjà l’occasion de remarquer chez les blanchisseuses de Whampoa et les femmes des sampanes qu’elles étaient privées de cette souffrance ; intérieurement, je leur en avais fait mon compliment sincère. Cette difformité des pieds donne à ces malheureuses une démarche si ridicule, que je ne crois pas que la plus jolie Chinoise, dans ces conditions de