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C’étaient des cris à rendre sourd, une animation et un mouvement à faire perdre la raison.

Là, un chaland mal dirigé venait faire tête sur l’avant d’une jonque ; ici, un bateau mandarin traversant le Tschou-Kiang de l’élan de ses soixante avirons manquait de faire chavirer un sampane conduisant à leur domicile les folles filles de la cité flottante. Plus loin, de ces énormes jonques transformées en maisons à plusieurs étages et terminées par des terrasses et des jardins, sortaient mille cris, mille clameurs se croisant dans l’air et formant le plus étrange et le plus impossible concert. La vie se traduisait par tous les moyens, sous toutes les formes. J’eus vraiment besoin de quelques instants pour me faire à ce bruit qui remplaçait subitement le silence et le calme des rives que nous venions de parcourir.

Nous abordâmes enfin au débarcadère des factoreries européennes.

De l’autre côté de la rade, le Fort-Rouge, construit à l’extrémité de l’île Honan, laissait voir, à travers la forêt des mâtures, les briques de ses murailles et les bouches menaçantes de ses canons de cuivre.

Ce ne fut pas sans peine que nous pûmes mettre pied à terre. Le rivage qui s’étend le long des factoreries étant le seul pourvu de quais, les embarcations y étaient plus nombreuses encore que partout ailleurs.

Sans Fo-hop, nous n’eussions pas manqué d’être