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demeure en couvrant de leur protection les campagnes voisines.

Malgré toutes les nouvelles difficultés que faisait pressentir la proclamation impériale ; un mois après notre arrivée, nous crûmes cependant un jour pouvoir faire une excursion jusqu’à Canton. Seulement, par mesure de prudence, nous résolûmes de franchir la distance qui sépare Whampoa de la ville dans une des embarcations du bord, au lieu de prendre, comme cela se fait le plus souvent, un bateau du pays. La connaissance parfaite qu’avaient Fo-hop et Canon de la route à suivre nous dispensait de nous faire accompagner d’un pilote. Du reste, ce n’était pas seulement une partie de plaisir qui nous conduisait à Canton. Le commandant du Fire-Fly avait à voir son cosignataire. M. Hope, et voulait se rendre compté, par lui-même de la disposition des esprits à l’égard des Européens.

Un matin donc que la rade dormait encore, nous fîmes armer la baleinière par six de nos meilleurs matelots, et, sir John et moi, en compagnie de notre ami Fo-hop, nous nous lançâmes dans le nord du fleuve.

Nous avions à peine dépassé les bâtiments à l’ancre et doublé la pointe Sulphur, pour prendre entre l’île de Whampoa et celle de Pedder, que nous nous trouvâmes au milieu de cette singulière population qui habite dans des bateaux le long des rives du fleuve. On évalue à plus de cent mille les familles qui vivent ainsi sur l’eau comme des parias, sans rapports avec