Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/348

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Quant au vieillard, c’était le père de Fo-hop. Dès qu’il sut qui j’étais, il quitta son immobilité et leva les yeux de dessus cette énorme pancarte dont la lecture paraissait tant l’absorber. C’était un homme d’une soixantaine d’années, d’un aspect grave et sévère, et dont la physionomie ne manquait pas d’une certaine dignité. De longues moustaches blanches — car en Chine les vieillards seuls portent de la barbe — tombaient sur sa poitrine, et sa natte de cheveux s’enroulait autour de sa tête chauve au lieu de descendre sur son dos.

La feuille de papier de riz qu’il lisait avec un aussi grand intérêt, méritait bien toute son attention. Ce n’était rien moins que la proclamation de Sa Majesté l’empereur de la Chine aux populations de la province de Kwang-tong, au sujet de la guerre contre les Anglais.

Lorsqu’il apprit que j’étais Français, il se mit à m’en traduire avec orgueil quelques lignes. Cela me parut en même temps si grotesque et si original que je ne pus toujours contenir mon envie de rire.

L’illustre souverain du royaume du Milieu animait ses innombrables sujets contre les étrangers, les barbares, à l’aide des raisonnements les plus extraordinaires. Après avoir donné le conseil de s’unir pour les chasser, il ne proposait rien moins à son peuple qu’une descente en Angleterre.

Il terminait en disant noblement :

« Montrons-nous forts, autrement nous nous expo-