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et, alors, dans ce calme et frais retrait, toute la vie du pauvre poète me revint à l’esprit.

Après un instant de repos, nous traversâmes le parc dans toute sa largeur pour rentrer en ville par la porte San-Antonio.

Nous rencontrâmes encore sur notre route deux ou trois chapelles et couvents, puis, traversant la place du bazar chinois sans nous arrêter, nous redescendîmes sur le quai par de petites et tortueuses rues en face du fort San-Pedro.

Une demi-heure après nous étions de retour à bord du Fire-Fly.

En nous éloignant du mouillage, je pus juger de l’aspect général de Macao.

Hélas ! la gracieuse nymphe qui vint mêler sa voix aux instruments du festin de Gama, se voilerait le visage de honte, elle qui prédit de si grands destins aux Portugais, si elle pouvait voir la tristesse et la solitude de la colonie. — Des églises, des couvents, des forts, telle est la ville aujourd’hui !

La marée nous conduisit bientôt au-delà de Lintin, cette ancienne station des contrebandiers d’opium, au milieu de ce grand bassin extérieur que les Anglais ont nommé Outer-Waters, au nord duquel commence seulement le Si-Kiang.

Comme la contrebande d’opium était, à cette époque, tout particulièrement protégée et par les mandarins et par la révolte, le Fire-Fly ne songea guère à mouiller à Lintin. Bientôt nous donnâmes dans le