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J’eus aussi, pendant ma première conversation avec ce charmant homme, l’explication de la présence de ce petit éléphant dans le blanc du pavillon français. L’amiral Dupont n’ayant pu oublier sa patrie, avait trouvé tout simple de ne faire qu’un des deux pavillons, celui de Siam étant un éléphant sur un fond blanc.

Le soir, nous allâmes à bord de son bâtiment. C’était une fort belle frégate de cinquante canons et de quatre cents hommes d’équipage, dont les emménagements étaient fidèlement copiés sur ceux d’un navire de guerre européen.

Nous fûmes reçus à la coupée par un officier portugais qui en était le second commandant, et nous trouvâmes notre ami sur la dunette, enveloppé dans un pagne de cachemire qui lui tombait jusqu’aux pieds et dans la ceinture duquel brillait le manche sculpté d’un large poignard.

Il nous présenta son fils, grotesque bambino de huit ans, jaune comme du safran, qui me sembla n’avoir que fort peu de sang français dans les veines. Il ne pouvait s’habituer au pantalon. À chaque instant on le retrouvait à l’avant, nu comme un ver et mangeant à même dans la gamelle des matelots qui l’adoraient.

Nous fîmes à bord un repas délicieux qui n’eut rien de siamois, et, après une charmante soirée sur la frégate, nous quittâmes fort tard l’amiral Dupont, dont le caractère est resté gravé dans ma mémoire