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curieuse histoire, mêlée d’événements inimaginables et de tempêtes qui l’avaient échoué aussi loin de la patrie, et nous gagnâmes la ville blanche par un pont de bois qui, presque tous les ans, est enlevé par le torrent.

La rive gauche offre naturellement un tout autre spectacle que la rive droite.

Nous suivîmes, en descendant la rivière, les murailles et les grilles des splendides jardins au fond desquels se cachaient quelques demeures princières, avant de faire notre entrée dans le parc qui précède et entoure l’hôtel de l’Europe. C’était l’heure du dîner. Plus de cent couverts étaient mis à une table immense, dans une salle à manger comme n’en ont pas les plus beaux hôtels de nos contrées. Si ce n’avait été la richesse du service, l’abondance des fruits tropicaux, et cette armée de domestiques noirs habillés de blanc, je me serais cru en France.

Tous les pays étaient représentés à cette table ; il eût fallu savoir toutes les langues du globe pour en comprendre toutes les conversations. J’avais à ma droite un capitaine portugais, sir John coudoyait un gros et gras Hollandais n’ouvrant guère la bouche que pour manger ; en face de nous, bavardaient des officiers français racontant leurs bonnes fortunes.

La table était chargée des mets et des vins les plus étonnés de se trouver côte à côte. Un kari à la sauce verte et pimentée faisait face à une poularde