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remontant la rivière, ils sont au moins deux ou trois cents, les gredins !

— Qui donc ça ? demandai-je.

— Parbleu, les pirates ! Ils surveillaient le Fire-Fly, nos coups de fusil les ont fait fuir, mais nous les reverrons ce soir, je le parierais bien.

— Oui, mais nous sommes prévenus.

— Heureusement ! Prenons à travers la forêt pour rejoindre la yole, afin que les deux ou trois proas restés en vedette dans les roseaux ne puissent nous apercevoir. Ce soir, nous leur donnerons une leçon, à moins que la brise ne s’élève et qu’il nous soit possible de lever l’ancre, ce que j’aimerais mieux encore.

Nous nous glissâmes derrière les cocotiers jusqu’à la pointe de l’île. Là, nous nous mîmes à courir dans les herbes et sur le sable du rivage pour gagner notre embarcation.

Le contrebandier venait de sauter par dessus une touffe de bambous, j’allais le suivre, lorsque je l’entendis pousser un de ces vigoureux goddem qu’il accentuait si bien.

— Hào ! très-cher, me criait-il, je dois avoir le pied sur quelque fort vilaine bête, j’ai la jambe serrée comme dans un cothurne romain, je n’ose bouger. Si je ne suis pas encore mordu, c’est que je suis tombé juste sur sa tête, et, comme je pèse un assez joli poids, elle ne peut remuer que la queue.

En effet, il était aussi immobile que s’il eût été de pierre.