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nable pour nous reposer quelques instants, lorsque sir John m’attira brusquement derrière un gigantesque palmier, le long duquel montaient comme des serpents d’épaisses lianes.

— Que diable est-ce donc là-bas ? me dit-il en me désignant un endroit du rivage opposé.

Au milieu des hautes herbes et des touffes de roseaux s’agitaient des masses noires que nous ne pouvions distinguer.

— Mais probablement quelques caïmans, répondis-je. Du reste nous pouvons nous en assurer.

J’épaulai ma carabine pour faire feu dans cette direction.

— Un instant ! un instant ! des caïmans auraient plongé depuis longtemps ; ne tirez pas et attendons. Je crois bien que nos coups de fusil ont éveillé autre chose que les animaux.

Nous nous blottîmes derrière les lianes, en surveillant attentivement les roseaux. Bientôt nous pûmes nous rendre compte de ce qui s’y passait. Par les solutions de continuité que parfois ils laissaient entre eux, nous vîmes se glisser, nageant sans bruit, des proas au nombre de douze ou quinze, montés chacun par une dizaine d’hommes qui s’efforçaient de faire gagner à leurs embarcations l’entrée de la rivière, sans être vus.

— C’était l’avant recourbé des bateaux qui inclinait ainsi les hautes herbes.

— Oh ! oh ! dit sir John en suivant toujours du regard les proas qui se perdaient dans les rizières en