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mans, malgré le chapitre XXIV du Coran, qui défend la danse aux fils de Mahomet.

Nous nous décidâmes enfin à laisser là les danseurs malais, qui ne firent pas plus attention à notre départ qu’ils n’avaient fait attention à notre arrivée. Cinq minutes après, étendus sur les coussins de notre voiture et enveloppés dans nos plaids, car la nuit était fraîche, nous reprenions au galop notre course à travers la forêt, ravis de notre visite à Mysteer.

Il y avait une heure à peu près que nous avions quitté le village ; bercé par le mouvement de la voiture, je m’étais endormi dans mon coin, lorsque tout à coup je fus réveillé brusquement par une secousse violente. Un de nos chevaux venait de s’abattre. Nous étions alors dans l’endroit le plus épais et le plus sombre du bois. Les branches des copals et des tecks, en se rejoignant au-dessus de la route, interceptaient les pâles rayons de la lune, déjà, du reste, assez bas sur l’horizon. Pour comble de malheur, les torches de nos hommes n’avaient plus pour une demi-heure d’existence ; quelques-unes même étaient éteintes.

Sir John n’avait fait qu’un bond jusqu’à terre : il examinait attentivement l’animal étendu sur le sol, pour bien se rendre compte si le cocher n’avait pas un peu aidé à sa chute. Satisfait de son examen, — la pauvre bête avait tout simplement succombé à la chaleur et à la fatigue, — il se mit alors à gourman-