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Nous quittâmes prudemment le hangar au moment où les affaires s’embrouillaient à la table des gros joueurs. Les kris qui commençaient à sortir des ceintures, nous rappelèrent fort à propos que nous étions surtout venus à Mysteer pour y acheter des armes.

Les kadei ou magasins dans lesquels se fait ce commerce important occupaient toutes les cases qui longeaient un des côtés du hangar. Nous nous dirigeâmes vers celui qui nous parut le mieux fourni, sans nous laisser séduire par les offres des autres marchands. Une fois dans la malheureuse hutte de bambous, nous n’eûmes plus que l’embarras du choix entre les engins de destruction de toutes sortes que le propriétaire s’empressa de nous présenter.

Il y avait là des poignards de toutes les formes : des kris aux lames flamboyantes si bien empoisonnées avec le suc de l’upas que, si usées qu’elles soient, la blessure en est toujours mortelle, des siwa larges comme la main et tranchants seulement d’un côté ; des golok, espèces de sabres plus étroits dont on se sert des deux mains et dont la lame coupe des deux côtés comme un rasoir, des badi courts comme des poinçons et effilés comme des aiguilles. Puis, auprès d’un tokam, masse de fer qui semblait enlevée à une armure du moyen-âge, était une poignée de flèches dentelées et empoisonnées, légères comme des plumes ; à côté, des sagaies, des casse-têtes, des boucliers de peau de buffle et mille autres objets