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chambres aux malades. Il y avait ordinairement, dans ces chambres, juste ce qu’il fallait pour y mourir en paix : un lit garni d’un moustiquaire, quelques fauteuils de rotins, une table de teck et des nattes pour tapis. J’y installai mon pauvre lieutenant, avec lequel je fis dans la soirée une courte promenade dans les immenses plantations de pavots qui entouraient la maison. Le lendemain, avant le jour, le cœur serré du calme et de la tristesse de notre colonie, où je n’avais guère rencontré que des employés du gouvernement, je me rembarquai pour descendre au plus vite jusqu’à Serampour, afin d’arriver à Calcutta le même soir.

Tout se passa pour le mieux jusqu’à l’ancienne colonie danoise, que ses propriétaires ont vendue parce qu’elle était, comme Chandernagor, improductive pour la métropole, soumise à quantité de vexations de la part des douanes de Calcutta, et par conséquent fort près de la ruine.

Jamais mes hommes n’avaient paru si bien disposés et n’avaient ramé avec autant de courage ; en moins de deux heures, je franchis la distance qui sépare ces deux villes, et, comme le jour commençait à peine au moment de mon départ, je fis la plus charmante promenade.

Je déjeunai chez M. d’Almeïda, qui me reçut comme on sait encore recevoir dans ces pays fortunés où le soleil semble réchauffer le cœur ainsi que la terre, et je le quittai vers midi, en emportant les trois mille