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lames contre les gradins faits de larges pierres, les crépitements des branches sèches et les psalmodies monotones des parents des morts, groupés autour de chaque cadavre. L’atmosphère était chargée des exhalaisons fétides s’échappant de dix bûchers qui flambaient autour de nous, et sur lesquels des hommes demi-nus jetaient sans cesse de la poix et du beurre clarifié. Les flammes, attisées ainsi, s’élevaient parfois jusqu’au faîte des murailles. Tout prenait sous leurs vives et subites lueurs des formes fantastiques.

Nous n’avions pas encore fait dix pas dans la cour que nous dûmes nous ranger pour livrer passage à un mort qu’on apportait en grande cérémonie.

Nous nous approchâmes du munzil-kanta qui lui était destiné.

C’était un trou de deux ou trois pieds, creusé en terre sur lequel étaient étendues, comme un plancher, quelques branches vertes tapissées d’une couche épaisse de fagots secs et de chanvre. Les brahmines prirent le corps, le lavèrent, puis le frottèrent d’huile clarifiée. Pendant ce temps, les parents étendaient sur le bûcher une longue pièce d’étoffe neuve, et lançaient autour d’eux des cauris et des poignées de riz. Lorsque le cadavre fut suffisamment lavé et frotté, les prêtres le couchèrent sur la pièce d’étoffe en lui repliant les jambes et en lui croisant les bras sur la poitrine ; après quoi ils relevèrent sur lui les