Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/235

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mollement étendus sur les coussins, pendant que le mari, peut-être, passe en caracolant à deux pas.

Les riches négociants, les hauts dignitaires du gouvernement et de la Compagnie, ne se contentent pas de leurs fastueuses demeures de la ville, que le voisinage des marais qui s’étendent derrière le fort William rend parfois fort malsaines, surtout pendant la saison des pluies, c’est-à-dire justement à l’époque où j’y arrivai avec le Raimbow. Ils émigrent alors à vingt milles de Calcutta, dans la plus parfumée et la plus délicieuse des oasis, à Barackpoor, qui étale ses villas charmantes sur les rives d’un petit bras du Hougli. L’Inde disparaît dès que l’on met le pied sous ces ombrages ; c’est un coin de l’île de Wight, transporté au centre de la vieille Asie, ou mieux encore, un des rivages embaumés du lac de Côme. Rien de gracieux comme ces maisons de campagne, cachées, ainsi que des nids d’oiseaux, dans les massifs de ces géants feuillus des tropiques ; rien d’aussi beau que ces parterres émaillés de la riche flore des colonies. Dans une étendue de plusieurs milles, ce ne sont que portiques italiens, que colonnades de stuc et de marbre, que balcons découpés, que varendes fermées des plus riches tentures, que terrasses chargées de fleurs.

Pendant la saison des pluies, tous les riches équipages de la grande ville se dirigent vers ce délicieux retrait. Le cours William et le Jardin zoologique, qui est peut-être le plus riche et le plus beau du monde