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On appelle cela un punkah. C’est une délicieuse chose et une ingénieuse invention que nous pourrions bien, ce me semble, emprunter aux Indiens.

Sir John m’apprit que le serviteur attelé au service de l’éventail, appartenait à la dernière classe de la caste des Schoudras, et qu’il était généreusement payé de ses services par le salaire de deux roupies par mois.

Cela fait un peu moins de cinq francs de notre monnaie.

Il est vrai qu’avec ces gages, l’Indien devait se nourrir ; mais comme pour un kache, c’est-à-dire six ou sept centimes, on peut acheter là-bas autant de riz qu’il en faut chaque jour pour la nourriture d’un homme, et que la religion de Brahma ne permet pas à certaines castes de boire autre chose que de l’eau ; qui sait ? le malheureux Schoudras faisait peut-être encore des économies sur ses deux roupies.

Notre promenade du soir, qui ne nous fit guère rencontrer que quelques Malabars attardés et quelques officiers gris, suffit pour nous convaincre que l’agglomération de troupes et le séjour des marchands avaient depuis de longues années chassé de la ville les mœurs et les coutumes indiennes, comme le christianisme, généralement suivi, en avait fait fuir les Brahmanistes et les Bouddhistes. Nous retournâmes promptement à bord pour songer sérieusement à notre projet d’excursion.