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près à la hauteur de Gangam. L’atmosphère était lourde et tiède ; la chaleur était si intolérable que l’on avait été obligé de faire faire des tentes sur toute la longueur du pont. Les basses voiles, inutiles avec les petites brises qui gonflaient à peine les cacatois et les perroquets, étaient carguées. Les huniers frappaient sur les mâts et sur les haubans à chaque coup de roulis. L’équipage tout entier était sur le pont, car les hommes dont le service était terminé s’étaient couchés le long des dromes et dans les embarcations plutôt que de descendre dans l’entrepont où le moindre air ne pénétrait pas.

Un silence profond environnait le Raimbow. Davis, le second, était de service et se promenait tranquillement de la dunette au grand mât, jetant à chaque tour de promenade un coup-d’œil sur les pennons qui tournaient au gré des vents, et sifflant entre ses dents pour appeler la brise. Wilson était chez lui, travaillant ou dormant. Sir John et moi, couchés sur la claire-voie de la dunette, fumions en écoutant dans le lointain les murmures de la barre, et en suivant à l’horizon les bizarres découpures de la côte, que la réfraction des eaux faisait voir au-dessus de la mer. Les ferrures du gouvernail en grinçant faisaient fuir les requins, qui çà et là laissaient voir leurs ailerons dans notre sillage ; et les embarcations, balancées sur leurs pistolets et à peine retenues par leurs sangles, fatiguaient les bosses de leurs palans.

Cet état de torpeur durait depuis le commence-