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nous ne bougeâmes pas plus que si nous avions fait partie des lianes et des bambous.

La lune commençait à descendre sur la forêt.

Les thugs avaient fait quelques pas en avant ; nous crûmes qu’ils nous avaient découverts. Il n’en était rien. Après avoir écouté quelques instants, ils s’étaient rassurés et se groupaient non loin de nous.

Ils étaient huit, complètement nus, leurs longs cheveux noirs tombant sur leurs épaules.

Je sentis auprès de moi frissonner le houkabadar, qui voulait voir dans ces hommes autre chose que des assassins, et qui, comme le font encore aujourd’hui tous les Hindous, les prenait pour les instruments d’un Dieu vengeur. Je le rassurai, car la curiosité avait vraiment chez moi remplacé la crainte.

Je m’étais blotti derrière un tronc de cocotier ; là, la main armée de mon revolver, je m’efforçais de distinguer et de comprendre.

Deux des thugs surtout captivaient mon attention.

L’un, quoique déjà vieillard, ainsi que me l’indiquaient ses cheveux blancs, était encore fort et agile ; devant lui s’inclinaient avec respect les autres misérables en l’appelant burka, mot qui désigne dans la hiérarchie des étrangleurs un grade élevé. L’autre était un jeune homme des yeux brillants duquel semblaient s’échapper des éclairs, et dont les membres amaigris laissaient voir le puissant tissu musculaire.