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herbes et dans les lianes, pour nous approcher du camp des thugs.

Le silence le plus profond y régnait.

Nous eûmes bientôt gagné le bord du fleuve. Nous nous préparions à remonter vers la tente de Nana-Seader, lorsque tout à coup le houkabadar me tira violemment en arrière et me força de me cacher dans les roseaux.

Il était temps ; un pas de plus en avant, nous étions découverts.

À une portée de pistolet de nous passaient, en glissant comme des ombres dans les eaux du fleuve, une demi-douzaine d’Indiens qui gagnaient la rive opposée, qu’ils gravirent pour se perdre derrière un bouquet de sapans.

— Suis-moi, maître, me dit le houkabadar, et tu vas voir ce que sont les serviteurs de Kâli. Laisse-toi, comme moi, aller au courant sans faire un mouvement.

Il s’était laissé glisser jusqu’au milieu de la rivière, où il se cachait entre les branches d’un teck que le torrent entraînait. N’oubliant pas de tenir hors de l’eau mon revolver, je le rejoignis en deux brasses. Nous descendîmes ainsi le fleuve, paraissant faire partie des troncs d’arbres qu’il charriait.

Mon guide voulait évidemment prendre les thugs par derrière afin de les observer.

Cent pas en-dessous de l’endroit où nous nous étions jetés à l’eau, le Panoor faisait brusquement un