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La conversation entre Goolab-Soohbee et son nouvel adorateur s’était engagée en indoustani, langue qu’elle parlait parfaitement bien, et ses sourires nous disaient que l’opulent commandant du Fire-Fly ne lui déplaisait en aucune façon. De plus, chaque fois qu’elle avait à se reposer, c’était à ses pieds qu’elle venait s’étendre, dans une pose charmante d’abandon et de sans-gêne.

Nous restâmes ainsi une partie de la nuit. Seulement lorsque nous vîmes les officiers anglais se disposer au départ, nous songeâmes à nous éloigner. Quant au Malabar amoureux de la bayadère, il n’avait pas quitté sa place, mais sa main, cachée dans les plis de sa large ceinture, tourmentait quelque chose comme le manche d’un poignard.

Nous laissâmes tomber quelques roupies dans les mains des danseuses, quelques sapeks dans celles des musiciens et des houkabadars, puis, non sans jeter un regard d’adieu et de regret sur l’étrange salle où nous venions de passer ainsi plusieurs heures, nous sortîmes en envoyant le salamut à ceux des Hindous qui, plus intrépides que nous, ne songeaient pas encore à lever le siège.

Les Anglais marchaient les premiers, je venais ensuite, sir John était le dernier. Au moment où j’allais soulever la natte qui fermait la porte, je me retournai pour voir si mon compagnon me suivait. Je l’aperçus dans l’antichambre, faisant galamment ses adieux à Goolab-Soohbee, qui semblait, malgré ses