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viendras tout de suite. Allons, sauve-toi et à demain ! À demain pour toujours, je l’espère bien !

Et après avoir scellé cette dernière promesse d’amour par un dernier baiser, Lise Olsdorf se sépara de Paul Meyrin, qu’elle avait reconduit jusqu’à la porte de son appartement.

Rentrée dans sa chambre à coucher, elle se mit au lit pour songer beaucoup plus à celui qu’elle adorait qu’à l’entrevue conjugale dont elle était menacée.


VIII

VENGEANCE D’HONNÊTE HOMME


Le lendemain matin à onze heures, avec une exactitude toute militaire, Pierre Olsdorf se fit annoncer chez sa femme.

Celle-ci l’attendait dans ce petit salon où, la veille au soir, elle s’était efforcée de rendre un peu d’énergie à son amant.

Lise Olsdorf avait fait provision de calme, en sorte que son mari ne put rien lire sur sa physionomie de la terreur que lui faisait l’arrivée si inattendue de son justicier légal. C’est à peine si l’on pouvait deviner sa pâleur sous la poudre de riz ; c’est à peine si ses grands yeux étaient restés cerclés par l’insomnie.

À l’entrée du prince, elle se leva de sa chaise longue et s’inclina, sans prononcer une parole.

Le gentilhomme dont elle avait souillé le nom la regarda fixement pendant quelques secondes, puis, l’invitant du geste à reprendre place sur son siège, il s’assit dans un fauteuil, en face d’elle, et lui dit, d’une voix grave et ferme :