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ma chère Madeleine, je vous aime depuis quinze ans !

— C’est vrai ! Cela nous vieillit bien tous les deux.

— Vous êtes, vous, toujours jeune et belle ; à moi, vous me rendrez la jeunesse.

L’excellent homme avait prononcé ces derniers mots avec une telle fatuité que la comtesse ne put s’empêcher de sourire, en lui tendant la main.

— Vous me la donnez ? s’écria Podoï, en saisissant cette main pour la couvrir de baisers.

— Il le faut bien, fit la mère de Lise ; mais ne se moquera-t-on pas un peu de nous ? Je suis à la veille d’être grand-mère.

— Eh bien ! quoi, nous commencerons pas avoir des petits-enfants, voilà tout !

Et le général s’était redressé fièrement, pendant que l’ex-jeune première s’efforçait de rougir un peu à cette gauloiserie de son vieil amoureux.

Moins de quinze jours plus tard, mais sans faste et sans bruit, on célébrait à Isaac le mariage de la comtesse Barineff avec le général Podoï, qui semblait vraiment rajeuni de ses quinze années de constance et de dévouement.

Le même jour, étranger coïncidence, Dumesnil reprenait Georges Dandin, à l’Odéon.


III

SOUS LES ALLÉES DE PAMPELN


Dès la fin du mois de mai, après un hiver des plus brillants, tout Pétersbourg fit ses préparatifs de départ. Les traîneaux furent rentrés sous les remises, les théâtres fermèrent, et bientôt ceux qui n’étaient retenus ni par