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VI

LISE ET VÉRA


Lorsque, le surlendemain, en revenant d’Amiens, où il était réellement allé, le peintre ne trouva plus sa femme rue d’Assas, mais seulement ce billet ou plutôt cette ligne si laconique : « Monsieur, mon fils se meurt, je vais le sauver », il demeura stupéfait et crut que Lise avait inventé ce prétexte pour s’enfuir de la maison. Comme si les mères oseraient de semblables mensonges !

La dépêche de Véra Soublaïeff, que Mme Meyrin n’avait pas emportée, lui prouva tout de suite qu’il se trompait. Néanmoins, pendant quelques instants, il se demanda s’il devait oui ou non approuver ce départ ; mais, en songeant tout à coup que le prince Olsdorf pouvait être à Pampeln, il se sentit devenir jaloux de cet homme dont il connaissait la valeur et qu’il savait avoir été fort épris de celle qui avait porté son nom.

De plus, dans ce château qui avait été le sien, Lise allait retrouver tous les souvenirs de sa grande existence de jadis ; elle la comparerait fatalement à la vie bourgeoise qu’elle menait à Paris, et Paul en était par avance humilié.

Ne voulant pas reconnaître que c’était seulement pour soigner son fils que la pauvre mère était partie, mais s’excitant lui-même à la blâmer et blessé de n’avoir pas été tout au moins consulté, il arriva bientôt à la trouver sans excuse.

— N’a-t-elle pas, se dit-il, un autre enfant auquel tous