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GASPARD

— Des poulaillers, l’en pleut ! Tiens, une tite boite gentille, on va taper là-nedans.

Il cogna à la porte et reprit :

— Les curés, c’est des types à galette : j’ sais c’ qu’y a dans leurs troncs. À douze ans, vieux, quand ma vieille elle m’a fait faire ma communion…

— Cogne plus fort ! dit Burette.

— Eh là, y a donc personne ? Ah ! dans c’ patelin-là, z’auraient besoin d’ venir faire un tour à Pantruche… Bong !… Encore le canon ! Tu parles d’une vie, c’ que ça m’ dégoûte… mais pas encore tant que les curés !… À douze ans, vieux, j’m’amenais au catéchisse avec des baleines ed’ corset, où qu’y avait de la glu ; pis alors on pêchait dans leurs tirelires. Ah ! si y avait quèque chose comme sous !… Seulement, quand on était pincé, fallait voir c’ que l’ suisse il nous tassait !

À ces mots, la porte de la maison s’ouvrit, et le curé du village lui-même apparut sur le seuil.

— Bonjour, messieurs… Qu’est-ce qu’il vous faut ?

Gaspard en recula de stupeur.

Burette dit :

— Excusez-nous, monsieur le curé, nous cherchons des œufs.

— Il m’en reste. Entrez donc.

C’était un grand prêtre lorrain, à larges pieds,