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GASPARD

était guéri, et le duo d’inaptes : Gaspard-Mousse rasait de nouveau les murs de la cour.

Un matin, pâle, fiévreux, l’agrégé se présenta au capitaine.

— Mon capitaine, je suis guéri. Je veux partir pour le front.

— Voyez le major, dit le capitaine.

Il courut au major.

— Monsieur le Major, je suis guéri. Je veux partir pour le front.

— Pardon, dit le major. Je ne vous ai pas déclaré inapte pour des prunes. Le tout n’est pas d’être guéri, mais de rester guéri. Revenez dans six semaines, et patientez.

Il sortit de cette visite les larmes aux yeux. À ce moment, le vaguemestre lui remit une lettre de sa belle-sœur, qui commençait ainsi :

« Mon cher Gustave,

« Louis et moi sommes aussi patriotes que d’autres ; mais nous estimons qu’un homme peut faire son devoir partout où Dieu le place. J’ai tant prié !… Je me figure que c’est le Ciel qui, voulant vous garder à nous et à vos élèves, vous maintient inapte. »

Après avoir lu cela, il pensa devenir fou. Il parcourait la cour, marmonnant : « Dieu, que