dit M. Seigneur sur le ton du désespoir.
— Je vous aurais remplacé, dit placidement le concierge.
— Comment ? fit M. Seigneur. Oui ou non, êtes-vous gréviste ?
— Je ne le serai plus, si je vous remplace, reprit le concierge de la même voix.
En un instant, il avait retrouvé sa figure des meilleurs jours, avec un air encore plus digne. M. Seigneur fut bouleversé. Au point qu’il se tut. Et c’est le concierge qui reprit, la tête droite, le nez sévère :
— Faites-moi confiance ! Je saurai les tenir !
Alors, les larmes que M. Seigneur avait retenues dans sa colère, jaillirent dans l’émotion.
Je me demandai si je devais présenter des condoléances ou des compliments.
— Il n’y a qu’un ennui… dit le concierge.
Il nous regardait.
— Le journal dit que les Pompes funèbres aussi vont se mettre en grève.
— Oh !… fit M. Seigneur, d’un air de dire : « Si ce n’est que cela ! »
Il était presque heureux — secrètement, bien entendu ; mais à l’idée de quitter son hôtel occupé, de laisser ce cauchemar, d’aller prendre l’air… il oubliait son deuil. Et… il avait envie d’embrasser le concierge.
Pourtant, il ne pouvait pas partir sans un