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L’INSTRUCTION AU XXe SIÈCLE

gnement officiel de la République française.

Je pensai avec indulgence : « Rien n’est plus difficile que de commencer. Continuons ! » Il y avait des vignettes. Je regardai celle de la seconde page : sous une cloche un rat crevé, avec cette légende : « L’absence d’oxygène cause la mort. » Alors, je me dispensai d’absorber plus de texte, et pour ne pas rester sur cette vue déplorable, je tournai les pages jusqu’au chapitre ii. Le titre n’en est pas moins prometteur : « Le sang. » Mon Dieu ! la vie du corps et ses passions ! Que de choses palpitantes, comme le cœur même, on peut conter sur ce sujet. Mon propre sang ne fit qu’un tour ! Je m’adossai vigoureusement à mon arbre. J’aurais voulu être l’auteur. Mais… dès que je jetai les yeux sur l’ensemble du chapitre, je vis, comme la première fois, d’abord les images, et elles sont deux. L’une représente un bocal plein d’un liquide sombre au fond, clair au-dessus ; des pointillés indiquent : caillot en bas, sérum en haut. J’ai fait la moue. L’autre représente un homme, manches de chemises retroussées, qui remue le contenu d’une terrine ; et on lit : « Quand un charcutier agite du sang de porc avec un petit balai de brindilles, des filaments rouges s’attachent au balai : c’est la fibrine. Otez celle-ci : le sang demeure liquide. » Avec tristesse je tournai les pages… « Les nerfs. » Ah ! troi-