route, je le fis monter dans la voiture afin de gagner le village, et je dis doucement :
— Voilà une grande nouvelle ! Je serais curieux de savoir qui peut bien être cette dame ?…
Mais Thierry répondit vivement, gravement :
— Au grand air, je pouvais te parler d’elle… Pas dans cette bagnole !… Ah ! elle est jolie, la sans-soupapes !
Nous fûmes vite arrivés. En descendant, avant d’entrer dans le chalet de Mme Hébert, il me fit voir une maison, très haut dans la montagne, et il me dit, les yeux enflammés :
— C’est là qu’elle habite ! Elle s’appelle la comtesse d’Eaux-vives. Tu n’as jamais rien vu de si joli ! Tu ne peux pas savoir la couleur des écharpes qu’elle a sur son cou. Et elles sont aussi belles, quand elle les enroule à son bras !… C’est la mère d’un camarade. Son mari était un héros. Les Touareg l’ont tué. J’ai sa photographie. Elle vient souvent me chercher. Nous nous promenons longtemps. Elle me fait un cadeau à chaque promenade : j’ai d’elle un portefeuille avec un chiffre en or, un portrait de saint François d’Assise, une noix porte-bonheur, donnée par un Chinois. Moi, je ne sais que faire ! Elle me dis en riant : « Je ne vous demande, Thierry, que de me raconter des histoires ! » Mais j’en